15 Avril 2021
Mars 2017 VS Avril 2021... Les débats sont toujours aussi vifs...sur la Laïcité
Voilà résumé, le socle sur lequel s’appuie la relation entre l’Etat et les citoyens de toutes confessions dans notre pays.
Loi du 9 décembre 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat
ART I « La république assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions de l’intérêt de l’ordre public ».
ART II La république ne reconnaît ni ne salarie ni ne subventionne aucun culte….
Pour ce qui nous concerne, et sans vouloir remettre en cause la laïcité, il nous semble que le terme de « séparation » n’est plus approprié et qu’il serait préférable de lui substituer celui de « distinction ». La justification de cette proposition se fonde sur l’impossibilité de nature et de fait, d’établir une frontière nette et absolue entre deux plans indissociables.
Cette volonté, non pas de « séparer » mais de « distinguer » le spirituel du temporel n’est pas nouvelle et le Christ lui-même en son temps a invité les Pharisiens « à rendre à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui relève de son domaine ». Hors, il ne faut pas confondre « distinction » et « séparation » et César n’aurait jamais eu l’idée de subordonner quelque autorité spirituelle a son propre pouvoir. A l’instar du Christ, le prophète de l’islam avait coutume d’enjoindre ses compagnons et disciples à ne pas confondre ces deux plans et il n’hésitait pas à prendre conseil sur des sujets qu’il ne maîtrisait pas.
Cette précision me paraît importante pour dissiper quelque confusion en la matière. Pour autant et que l’on ne se méprenne pas, mon intention n’est en aucun cas une invitation à revenir sur le concept de laïcité mais bien plus d’envisager les moyens à mettre en œuvre pour l’actualiser, compte tenu de l’époque et de la société dans laquelle elle continue de vouloir s’inscrire. La mondialisation et les déséquilibres autant que les bouleversements, que trop souvent nous subissons, imposent cet examen.
A cet effet, il ne nous paraît pas superflu de rappeler que l’ensemble des droits et devoirs qui définissent notre cadre de lois sont issus de la sphère religieuse et non laïque.
Qu’il s’agisse de l’interdiction d’assassiner, de celle de spolier son prochain, de lui faire violence, de falsifier la monnaie, de pratiquer l’usure, l’inceste… Toutes ces lois ont été au préalable des « prescriptions » moïsiaques ou christiques. Idem par ailleurs pour ce qui est des invitations à la solidarité, au pardon, ou autres vertus cardinales.
Ainsi, qu’on le veuille ou non, que l’on en ait conscience ou pas, nos lois restent, directement issues ou inspirées de textes religieux et donc marquées du sceau du Sacré. C’est du reste ce « Sacré » qui interdit la « profanation » laquelle profanation, n’est autre chose que la violation du lieu où du principe où réside le sacré. Cette violation entraîne d’ailleurs invariablement une chaîne de conséquences qui s’étendent bien au-delà de son auteur, de la seule sphère où il évolue et des différents plans de manifestation.
C’est selon ce principe que l’on peut lire dans les « Textes » que l’assassinat d’un seul homme équivaut à celui de l’humanité tout entière. A l’inverse sauver la vie d’un seul revient à préserver l’Humanité. De la notion de sacré, découle celle de responsabilité. Le transgresseur impacte non seulement sa sphère personnelle mais il impacte le monde dans lequel il évolue. Les sociétés sacralisées estiment même que nos actes comme nos pensées façonnent le monde qui nous abrite. Nous sommes en ce sens de véritables démiurges et le destin de l’Humanité s’actualise par l’Homme.
Nous arrivons par ce préambule à l’objet direct de notre proposition. Proposition dont nous sommes convaincus qu’elle peut constituer le moyen le plus approprié pour permettre à notre nation de se rééquilibrer et lui éviter ainsi, si nous n’y prenons garde, à la voir sombrer un jour prochain dans la barbarie et le chaos.
Précisons ici, pour être certain d’être parfaitement compris, ce que nous entendons par « Sacré ».
La définition la plus simple serait de le résumer à tout ce qui n’est pas profane mais pour exacte que soit cette proposition, elle ne nous éclaire pas d’avantage sur ce qu’est le sacré. Il nous faut donc avoir recours à d’autres moyens pour tenter d’en appréhender le sens, notamment en évoquant sa manifestation plutôt que de parler du sacré lui-même.
L’empreinte du Sacré passe par le langage symbolique et son expression autant que sa manifestation est d’ordre cosmique. Rien de ce qui existe n’échappe à son mystère. On peut du reste l’envisager comme une présence. C’est du reste cet notion que l’on retrouve dans les différents objets ou lieux censés attirer ou délimiter cette « présence » qu’il convient de respecter et d’honorer en accomplissant certains actes ou en évitant d’en commettre. Il est certain que dans tous les cas on fait référence à une puissance invisible, qui habite et préserve un lieu, un objet, et dont l’influence agissante organise et impacte toute chose manifestée. Les rituels, du reste, n’ont d’autre vertu que la mise en harmonie avec cette force.
Le Principe premier, émanateur de toute forme de manifestation, corporelle ou incorporelle peut, quand il s’affirme, être symbolisé par le point. C’est ce point qui ensuite, par son expansion dans toutes les directions de l’espace va donner naissance au monde corporel. Les formes géométriques produites par cette expansion sont à la fois forme mais aussi fonction. C’est-à-dire qu’elles vont symboliser des Principes secondaires qui eux même vont s’incarner dans les lois de la physique de notre monde puis en dernier ressort dans les lois sociales. L’objet de cet ouvrage n’est pas de développer ce propos mais de faire assentir le processus du langage symbolique par lequel s’exprime le Sacré.
Les différentes manifestations du Sacré, remontent aussi loin que l’on trouve trace de présence humaine. Nulle contrée, aussi éloignée soit-elle où l’on ne trouve des empreintes de rituels et donc empreinte de Sacré. Ceci, bien avant que les « grandes religions », sortes de décodeurs d’une connaissance « floutée », viennent au secours de son occultation. Le Sacré est l’affirmation et le reflet originelle du « Principe Un et Unique » qui manifeste et anime les mondes.
S’être affranchi - ou le vouloir - de « l’Axiome » des axiomes nous paraît être la cause première des difficultés majeures rencontrées par nos sociétés modernes et la nôtre en particulier.
Le principe Un et Unique, alpha et oméga s’affirme et se manifeste par le Logos.
Combien de chercheurs, poètes, mathématiciens, physiciens s’émerveillent et finissent par tomber en extase face à la beauté absolue qui se révèle à leurs études. La perfection, l’harmonie et pour tout dire, la beauté du dessein cosmique fait résonner en eux l’appel du sacré inscrit dans le moindre de nos gènes.
Voilà le Principe commun à tous les êtres. Voilà la raison pour laquelle il est vain de vouloir l’étouffer par sa négation ou son occultation. Que l’on donne à ce Principe le nom de Divin ou un autre nom ne change rien à ce qu’il Est : Origine et Finalité de toute chose.
La société française, forte et riche d’une population métissée a la chance d’avoir conservée vivante et vivace, au cœur de certaines communautés qui la composent, la notion du Sacré. Par conséquent, qu’on le veuille ou non, qu’on tente ou pas de le nier, de l’occulter, voire de le réprimer, ces communautés restent indéfectiblement liées au Sacré. Il nous faut accepter ce fait duquel nous pouvons tirer le plus noble profit. Nous avons montré précédemment comment, tant par la religion que ce qui en découle, la République a pris racine au cœur du Sacré.
La volonté d’amputer ce lien est un véritable suicide et s’il convient de ne pas sombrer dans les affres d’une religiosité dévoyée qui se manifeste parfois de nos jours ou s’est manifestée dans les périodes les plus sombres de notre histoire, il serait catastrophique de laisser s’installer les ténèbres au seul fait que quelques aveugles tentent de vouloir diriger le monde.
Cette période de crise, pour peux que l’on s’en donne la peine, peut s’avérer être une véritable chance pour notre époque et si l’on prend soin d’exploiter le sacré inscrit en chacun d’entre nous, notre société pourra prétendre non seulement à une identité heureuse mais plus encore, elle pourrait bien sonner l’alarme et le rappel d’une bonne nouvelle oubliée par les divisions qui agitent notre époque.
Si l’origine du mot sacré est représentée dans le corps humain par un os positionné au bas de notre colonne vertébrale (sacrum) et constitué de cinq vertèbres « soudées » entre elles sans lesquelles nous ne saurions tenir notre verticalité, il reste subordonné à l’organe Maître, spécifique, particulier et autonome : le cœur. Ce sacré cœur, symbole du Principe émanateur, nous le retrouvons dans le « foyer » qui anime de sa flamme le centre de la maison Traditionnelle. Demeure qui abrite la famille dénommée pour l’occasion également « foyer » autour duquel tous les membres se réunissent pour s’alimenter de nourritures autant solides que subtiles.
C’est en réalité, ce même centre, ce même Principe que nous devons de nouveau révéler à nos concitoyens. La tâche est d’autant plus aisée si on prend la peine de s’y atteler que même chez les plus farouches opposant aux religions, les athées les plus « fervents », les agnostiques invétérés, et peut-être plus encore chez les radicaux de toute branche, la présence du sacré n’attend qu’à s’actualiser.
Cette « possibilité » qui se manifeste par le besoin de transcendance pousse l’homme et à s’élever pour tenter d’atteindre plus grand que lui, plus loin que lui, en un mot, pour « dépasser » sa condition humaine et restaurer l’état paradisiaque inscrit en lui. La naissance des sports modernes qui, à l’origine, étaient rituels apporte la preuve la plus flagrante de cette incessante volonté de dépassement. Il en ressort que ce besoin irrépressible de se « transcender », selon l’expression consacrée, ne saurait être étouffé sous peine de faire naître des pathologies comportementales extrêmement dommageables.
Par ailleurs, la demande incessante de voir « respecter » tant les institutions que les lois et ceux qui les représentent qui du policier, de l’enseignant, du magistrat, du père, de la mère, du médecin, etc… est une preuve irréfutable de l’envie de faire régresser les « transgressions » et par là de re-sacraliser notre monde.