NATIONS, L'IMPASSE MEURTRIERE

Et si le concept de "Nation" et plus encore celui de "nationalité" était à l'origine des déséquilibres les plus dévastateurs de notre époque ?

Que d'efforts déployés pour érigés des murs et diviser le monde. Que d'énergie dépensée pour cultiver la haine de l'autre et se donner les moyens les plus élaborés de l'asservir ou de le détruire.

Le Principe commun qui unissait les peuples du monde entier est devenu une vague superstition; d'abord à combattre puis enfin à occulter. "Ici-bas" a cessé d'être le reflet de "ce qui et en haut". Ici-bas est devenu ce qu'il y avait de plus haut. Le temporel a recouvert le spirituel de toute sa matérialité. Les souverains, affranchis du Seigneur des mondes, se sont auto-proclamés  "maîtres" de ce monde et leurs royaumes ont eu besoin de frontières.

L'Infini n'est concevable que pour les "sans frontières", ces "simples d'esprit" et "ouverts de coeur" qui regardent le ciel et s'humilient aux larmes devant tant de grandeur.

Que de sang et de larmes pour s'approprier ce qui nous a pourtant été si généreusement confié en garde et offert en partage. Que de prisons à ciel ouvert bâties avec orgueil pour la seule gloire de proclamer sa souveraineté.

Il paraît que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Qui en dehors du plus "conquérant" fixe les limites de ce genre de "liberté". Peut-être serait-il plus exact de dire que l'espace des "uns" se réduit d'autant que "l'autre" décide de le limiter le plus souvent avec force et brutalité.

On brandit l'étendard de la sécurité pour mieux justifier l'hérésie de nos monstruosités. Combien de crimes ont été commis au nom de la protection d'un territoire plus souvent conquis que protégé ? Combien de ces expéditions civilisatrices sauvages ont fait naître des haines héréditaires et depuis savamment cultivées ? Quand allons nous enfin réaliser qu'il est temps de sortir de cette impasse meurtrière ? 

Quelques signes imposés par le monde virtuel laisse à penser que le glas a sonné pour cet ancien monde sclérosé. Les frontières sont enfin tombées, certes d'aucuns tentent déjà d'entraver la fluidité de cet espace partagé mais si l'on prend soin de profiter de cette nouvelle dimension de notre monde retrouvé, gageons que demain sera, contrairement à ce que l'on tente de nous faire croire, bien meilleur qu'aujourd'hui et au moins aussi bien qu'hier; quand les hommes ne vendaient pas leur terre mère mais s'employaient chaque matin à la vénérer, à la préserver pour le bien-être non pas de la Nation mais de l'Humanité.