Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
TAYEB BELMIHOUB

LES NOUVELLES IDOLES

Synagogues, Eglises, Mosquées : Les nouvelles idoles

Les idoles ne sont plus abritées par les temples et pour cause, ce sont les temples eux-mêmes qui sont devenus les nouvelles idoles. La prière, celle qui a pour vertu de nous unir au Principe qui nous manifeste, s’est transmutée en  revendication identitaire pour conquérir le pouvoir.

On ne prie plus « vers Dieu », on prie pour soi par l’intermédiaire d’un Dieu dont on est propriétaire.

Dieu, qu’on loge dans le cœur de l’idole édifiée pour l’occasion et destinée à emprisonner ce précieux locataire. Ainsi, par cette parodie d’oraison, les maisons closes qui abritent la délinquance religieuse sont devenues bien plus sacrées que Celui qu’elles déclarent vouloir honorer et servir.

Parmi ces salles de gymnastiques pieuses figurent au premier rang de l’actualité celles que l’on désigne par le terme de Mosquée que l’on peut traduire en français par « Lieu où l’on se prosterne ». Cette prosternation, cette humiliation du corps, qui n’a d’autre vocation que l’éveil de la conscience pour regagner cette Unité dont nous émanons, s’est transmutée en séances de génuflexions moins bénéfiques que la plus banale séance d’aérobie.

Savent-ils seulement ces adeptes des salles de musculation théologique le sens même du rituel et de cette prière qui le manifeste ?

Loin de la seule volonté de satisfaire nos besoins ou nos envies, d’apaiser nos peurs ou nos angoisses, la prière a pour but la réalisation de notre être. « Connais-toi, toi-même et tu connaitras l’univers et les Dieux… » Cette intimité, cette proximité, cette fusion n’a besoin d’autre lieu pour se manifester et s’épanouir que notre temple intérieur. Quelle construction si parfaite soit-elle peut prétendre souffrir la comparaison avec l’image de ce Divin qui nous manifeste, nous habite, nous abrite et dont le seul but est de se révéler à nous par nous ?

Les lamentations, génuflexions, prosternations sont d’abord des inclinaisons du cœur et la qualité ou les vertus de cette « prière » ne sauraient en aucun cas être conditionnées par le lieu dans lequel cette oraison s’accomplit.

Les voix s’élèvent tant pour réclamer un minaret que pour l’interdire et les enjeux de cette polémique politique n’ont d’autre but que la prise d’un pouvoir bestiale par l’affirmation d’idéologies indigentes qui n’ont de religieux que le nom dont elles se parent.

« Il y a urgence, non plus à faire des prières dans notre vie, il y a urgence à faire de nos vies une prière. »

Il est grand temps que les voix s’élèvent pour renverser ces nouvelles idoles. Si de tous temps, des lieux ont été consacrés à l’oraison, il est faux de laisser croire qu’ils ont toujours été figés et leur changement d’orientation en est la preuve vivante. De Jérusalem, elle-même cité symbolique, le prophète de l’Islam n’a-t-il pas actualisé la révélation en invitant les fidèles à se tourner vers la Kaaba ? Il n’est pas dans mon intention de faire ici œuvre de théologien et les ouvrages sur les raisons de ce changement de direction ne manquent pas.

En revanche, j’entends affirmer ici que les pouvoirs religieux ont pris la place des autorités sacerdotales dont la vocation n’avait d’autre but que l’éducation par l’éveil des consciences.

Le vivant s’adresse au vivant et l’inclinaison d’un corps sur un tapis n’a jamais été la preuve du degré de foi ou de conscience de celui qui se prosterne, s’agenouille où se lamente.  L’intention de l’union à Dieu doit s’accomplir dans chacun des actes les plus ordinaires de notre vie pour leur redonner le sens du Sacré : De la place que nous cédons dans la rame de métro au sourire que nous adressons à notre voisin ; De l’acceptation de l’épreuve en passant par le don et le pardon, tout nous permet d’ériger notre temple intérieur qui n’a besoin ni de murs, ni de croix, ni d’étoile, ni de minaret. Ce temple- là n’a ni nationalité, ni idéologie, il au-delà du temps et de l’espace.

Ce temple- là, Abraham l’a éveillé en nous, Moïse l’a révélé, Jésus l’a rendu vivant et Mohamed y a apposé le sceau Divin.

« Il faut savoir parfois se retirer pour que la conscience s’éveille. »

Gageons que si un jour, un jour seulement, en ce monde, tous les cœurs purs désertaient ces salles obscures, une autre ère émergerait de cette ténèbres, ni meilleure, ni pire mais seulement vraie, indiscutablement vraie.

La vérité n’est ni belle, ni laide, ni grande, ni petite, ni susceptible d’être en quoi que ce soit qualifiée, elle Est Lui.

Lui, par qui cette Unité primordiale s’est manifestée pour nous offrir en partage cette plaine sans limite pareille au cœur de l’homme où paissent paisibles en son nom et par sa volonté, les croyants, les incroyants, les athées et même les autres...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article